Cadre et limites

Publié le par ubulechat

17. Février 2011

 

Où placer la limite? J'ai moi-même écrit une fois sur celle liste
que je ne laissais pas mes enfants jouer avec les couteaux coupants et une maman
m'a répondu que elle si et qu'elle n'avait eu aucun accident à déplorer
(l'"approche Liedloff").
Et il y se trouvera certainement quelqu'un pour argumenter que si les enfants
refusent les médicaments, c'est que leur corps leur dit qu'ils n'en ont pas
besoin. Même pour les antibiotiques, il m'est arrivé de me poser la question...

 

Personnellement, je trouve que ces limites sont pour le moins fluctuantes (comme
les miennes, remarquez!) La 3ème particulièrement!

Exemples:
Est-ce dangereux de laisser un jeune enfant utiliser un téléphone portable?
De ne pas utiliser de siège auto pour un enfant, mais de l'attacher juste avec
la ceinture de sécurité?
De laisser patauger sans bouée à la plage un enfant qui ne sait pas nager?
Est-ce dangereux de manger des bonbons tous les jours?

 

Pour sortir dans la rue: jusqu'à quel âge? A partir de quelle intensité de
circulation est-ce dangereux (question que je me pose de plus en plus souvent au
sujet de ma fille de 8 ans).
Idem pour l'escalier de la cave (mais là, je suppose qu'on pourrait "faire
passer un examen" aux enfants: leur demander de prouver qu'ils sont capables d'y
arriver seuls avant de les lâcher - c'est nettement plus compliqué pour la rue).

Pareil pour les bonbons bio. J'avais plutôt à l'esprit les cochonneries pleines
de colorants que consomment l'immense majorité des enfants (et les miens qui en
reçoivent en cadeau et en échangent avec leurs copains si je ne leur en donne
pas).

Quant à patauger au bord de l'eau, je suis bien d'accord avec toi, tant qu'il
s'agit de la côte belge par temps calme. Mais pas à Nice un jour de forte houle,
même sous surveillance! (mais jusqu'à quelle hauteur de vagues est-ce sans
danger et à partir de quand est-ce que ça le devient? Sans compter les courants
invisibles...)

Bref, toutes sortes de questions qui me trottent d'autant plus dans la tête que
je ne connais pas les réponses!

 

21. Mars 2011

Quand j'ai adopté mon fils, j'ai été plus ou moins obligée d'y réfléchir et je
suis arrivée à la conclusion que le "cadre", c'est principalement une forme de
sécurité affective: le fait pour l'enfant de sentir qu'il est avec un adulte
auquel il peut faire confiance, qui est là quand il a besoin de lui et qui
l'aime de manière inconditionnelle (même quand il pleure ou fait des "bêtises").
Les limites, ce sont nos limites à nous et elles sont souvent très floues et
variables. Donc là, un peu difficile de parler de "cadre"...

Enfin, pour répondre à Garance, mon fils (6 ans) aime depuis toujours courir sur
les trottoirs. Peu à peu j'ai réussi à imposer 3 règles:
- toujours rester là où je peux le voir
- m'attendre aux carrefours
- donner la main pour traverser (on est en train d'y renoncer)

   

1. Avril 2011

 

Quand j'entends le mot "limite", je sens mes poils qui se
hérissent, parce que presque toujours il sort dans la bouche de gens qui voient
les rapports parents-enfants en termes d'antagonisme et les enfants comme de
petits animaux qu'il faut dompter, sous peine d'en faire des enfants-rois...

A mon avis, cette histoire des limites est un faux problème, utilisé par les
médias pour jeter l'opprobre sur les parents "laxistes", responsables de la
soit-disant augmentation de la criminalité. Pour moi, ça s'inscrit tout à fait
dans l'air du temps et la dérive sécuritaire que nous vivons. Donc, pour nous,
parler de limites, ça me semble une concession faite à ceux qui pensent comme
ça, comme si nous admettions qu'en définitive c'est eux qui ont raison et que
nos enfants sont bien de petits animaux à dompter. Des limites, nous en posons
tous, volontairement ou involontairement, franchement je ne vois pas de quoi en
faire un plat! Pour moi, tout est dans la manière, non pas de faire, mais
d'être, en tant que parents. Bon, il me semble que je suis en train d'enfoncer
des portes ouvertes, je m'arrête là.

Ceci dit, je trouve très fort le titre du livre de Catherine "poser des
limites...", avec "...et le respecter" écrit en tout petit, parce qu'il est
susceptible d'être acheté par des gens qui ne sont pas franchement adeptes de
l'éducation respectueuse! Je ne me prive pas de le recommander à droite et à
gauche.
Évidemment, je me doute que la page web qui vient d'être créée sera dans la
ligne du bouquin, et c'est une excellente chose, on pourra envoyer le lien aux
parents pas respectueux que nous rencontrons! Mais j'ai aussi l'impression d'une
concession "politiquement correcte" au ron-ron majoritaire des médias, d'où ma
réaction.

 

15. Avril 2011

 

Personnellement je suis de plus en plus gênée par ce mot "limites" qu'on entend
trop à mon goût dans la bouche des "psys" médiatiques. Je trouve que ça va de
pair avec la dérive sécuritaire de notre société, le mythe de l'"enfant-roi",
selon lequel la violence des jeunes est due au laxisme des parents, l'enfant qui
"cherche les limites", les limites comme cadre sécurisant, l'absence de limites
qui serait "angoissante" (d'ailleurs pourrait-on envisager une *absence* totale
de limites?)...

Et au passage la question de la violence éducative est éludée, passée sous
silence, parce qu'au nom des sacro-saintes limites on justifie souvent n'importe
quoi, comme soit-disant le fait qu'une fessée de temps en temps ne nuit pas, si
elle permet à l'enfant de "comprendre" qu'il a dépassé les limites (ou les
bornes). Tout cela s'inscrit dans la logique de la peur: peur de l'autre, peur
des jeunes, peur de nos enfants et de ce qu'ils pourraient devenir si...
L'enfant est vu comme un petit animal qu'il faut dompter, sous peine qu'il nous
dévore ("ton enfant te bouffe" dit-on à une mère jugée trop "fusionnelle"). Des
arguments faciles à réfuter, certes, mais pour moi le mot "limites" est
tellement galvaudé que je préfère ne pas l'employer.

Donc d'accord pour parler de liberté plutôt que de limites: "La
liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres".
Quand je suis sur le point de dire "non", j'ai une petite lampe rouge qui
s'allume dans ma tête: "et pourquoi au juste ne peut-on pas faire ça?"

Et chez moi les "limites" s'appellent plutôt des "contraintes": il faut se lever
le matin parce qu'il y a l'école et il y a l'école parce que maman doit aller au
boulot gagner sa croûte...
Soit dit en passant, la contrainte, ce n'est pas forcément négatif dans mon
esprit, la contrainte peut être source de créativité (comme en littérature, par
exemple)...

 

Les enfants s'imposent. Et moi aussi je m'impose!
Et il ne me semble pas nécessaire de voir cela en termes d'antagonisme.

Publié dans Bambins

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