Fichage

Publié le par ubulechat

 

21. Janvier 2011

 

Les fichiers informatiques permettent de "croiser" les données: par exemple celles du
ministère de l'intérieur avec celles du ministère de l'éducation nationale (et
celles de la Sécu, pendant qu'on y est!)

Les fichiers informatiques permettent des recherches beaucoup plus pointues,
rapides, une mise à jour instantanée...

Les fichages papiers étaient loin d'être aussi efficaces.

 

Jusqu'à aujourd'hui, c'est interdit - la CNIL veille au grain!

Mais pour combien de temps encore, vu la dérive sécuritaire que nous vivons? Pas
pour longtemps, si l'opinion publique et une majorité de députés estiment, comme
toi, que "la bataille sur le fichage est désuète, anachronique et vaine". Une
loi passera, autorisant la mise en commun des fichiers parce que soit disant la
sécurité nationale et internationale l'exigent!

Et si les fichiers informatiques s'effacent "malencontreusement", on en aura
fait suffisamment de copies avant.

C'est à chacun de faire preuve de vigilance, au quotidien, pour éviter que les
fichiers conservent des données fausses ou illégales à notre sujet.

http://www.cnil.fr/vos-libertes/vos-droits/

Les droits ne s'usent que si on ne s'en sert pas.

 

***

 

Quoiqu'il en soit, s'agissant d'enfants, je suis *contre* le fichage: non
seulement cela n'a aucun sens, mais cela peut être extrêmement dangereux.
Les enfants évoluent constamment et tout le monde doit avoir le "droit à
l'erreur", particulièrement les enfants! (même les crimes sont effacés du casier
judiciaire au bout d'un certain délai)
Tu citais "La vie des autres". Franchement, je ne vois pas en quoi le fichage
des allemands de l'est par la STASI justifierait le fichage des enfants par
l'éducation nationale - je trouve l'exemple particulièrement mal venu!

Du reste, ce n'est pas le fichage de la Stasi qui
était efficace, les dossiers en réalité étaient des montagnes de papiers noircis
d'anecdotes sans intérêt et que personne ne lisait jamais, faute de temps.
Par contre, le régime était parvenu à faire d'une partie importante de la
population des mouchards. Je ne me souviens plus de la proportion exacte (1
allemand de l'est sur 4?). Ces personnes, en gage d'allégeance au régime,
relataient les plus menus faits de la vie des personnes qu'elles espionnaient.
Tout le monde était un agent de la Stasi en puissance (parfois même le mari, la
femme, le meilleur ami...), tout le monde le savait et tout le monde était sur
ses gardes. Dans ces conditions, inutile de recouper quoique ce soit, inutile
même d'arrêter beaucoup de gens: c'est le pays entier qui était enfermé et
surveillé. D'ailleurs il n'y avait pas tant de prisonniers politiques que ça,
les opposants on les expulsait, pour éviter que ces "pommes pourries" ne gâtent
le reste du panier.
Heureusement que nous n'en sommes pas là et j'espère bien que nous n'arriverons
jamais à ce point! Que voulais-tu dire au juste? Que le fichage est normal? Non,
le fichage est un outil de prédilection des dictateurs, destiné à maintenir les
populations sous leur botte...
Ce qui me fait peur, c'est le mélange des genres: on peut conserver les notes -
on peut douter déjà de leur caractère objectif. Mais quid de toutes les
appréciations subjectives qui pourraient également figurer dans les évaluations?
Qu'évalue-t-on en effet? Des actes ou bien la personnalité de l'enfant?
Ceux qui défendent le "fichage" des enfants, c'est par exemple, ceux qui
prétendent pouvoir détecter les futurs criminels dès l'âge de 3 ans. Une thèse
relevant de l'idéologie et non de faits scientifiquement prouvés.

Reprenons ton exemple des dyslexiques: informer les enseignants est toujours
possible de vive voix. Faire figurer cette information dans une base de données,
c'est courir le risque que d'ici 20 ou 30 ans, elle tombe entre les mains d'un
futur employeur - d'où un risque de discrimination à l'embauche...
Autre exemple: Ma fille a fait un début de primaire catastrophique. Un
changement d'école a permis, en quelque sorte, de "remettre les pendules à zéro"
- elle est arrivée dans sa nouvelle école avec un "casier judiciaire vierge",
pour reprendre l'analogie. C'est une chance qu'elle ait pu faire connaissance
avec sa nouvelle institutrice sans le poids de tous les jugements subjectifs que
l'ancienne avait porté sur elle: lente, distraite, manquant de volonté etc. J'ai
juste averti la nouvelle institutrice que ma fille était dyslexique et qu'elle
redoublait - pour le reste elle a été parfaitement capable de se faire une idée
par elle même!

Pas de dossier scolaire dans le cas de notre fille: nous avons radicalement
changé de système et on ne nous a rien demandé...

 

***

 

J'habite le quartier de la gare du Nord, à Bruxelles, plein de pickpockets, de
trafiquants de drogue, de trafiquants d'êtres humains... Dans un rayon de 250 m
autour de chez moi, une femme a été tuée de 29 coups de couteaux le mois
dernier, une bijouterie a été attaquée à la kalachnikov la semaine dernière, une
autre l'avait été l'an dernier (et l'agresseur abattu par le gérant)...
Et pourtant je n'ai pas peur!

Tu sais pourquoi? Ces gens ne s'intéressent pas à moi. Je suis sûre que tu le
sais: la grande majorité des abus sexuels sont commis par des membres de la
famille ou des proches. La femme tuée de 29 coups de couteaux, près de chez moi,
l'a été par son ex mari, père de ses 3 enfants. En ce qui me concerne, il est
beaucoup plus probable que je mourrai, soit dans mon lit, soit dans un accident
de voiture...


Pour moi il n'y a pas de hiérarchie. Ce n'est pas parce qu'on défend certains droits
qu'on devrait accepter le fichage: interdictions et fichage vont de pair! Le
fichage ne *devient* pas dangereux, il l'est. Parce que si tu as (avec pas mal
de limitations) le droit de vérifier les informations te concernant, tu n'as
aucun droit de regard sur les personnes qui peuvent accéder à ces informations.
Le jour où le fichier tombe entre les mains d'une personne mal intentionnée, que
peux-tu faire?

Le jour où le recoupement des fichiers permettra d'attraper les "traders"
criminels, qui ont anéanti les économies de millions de retraités américains, ou
de récupérer les milliards planqués par Ben Ali ou Bébé Doc dans les paradis
fiscaux, alors moi aussi j'applaudirai (peut-être).
Parce que ficher la population pour pouvoir coincer celle qui touche
l'allocation de mère isolée alors qu'elle a un compagnon, ou celui qui touchait
le RMI en faisant de petits boulots au noir, je trouve ça disproportionné et
minable.

Pour un petit frisson d'horreur (enfin, je ne suis pas sûre que ça marche sur
tout le monde, mais pour moi c'est encore mieux que de regarder "Shining"), je
recommande la lecture de:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier_national_automatis%C3%A9_des_empreintes_g%C\
3%A9n%C3%A9tiques


C'est sur ma bête noire: le fichier des empreintes génétiques.
Je recommande vivement la lecture du paragraphe "Critiques".

Quant à la dérive sécuritaire, pour moi elle est bien réelle. A moins de traiter
d'éminents penseurs tels que Noam Chomsky de parano...
Je ne regarde plus depuis longtemps de JT. Concrètement depuis l'affaire de
l'affabulatrice qui avait prétendu avoir été attaquée par des jeunes dans un
train de banlieue parce qu'il la croyaient juive. Toutes les télés et radios se
sont jetées sur cette histoire sans rien vérifier. Parce que ça allait "dans le
sens du poil": à savoir, l'augmentation de la criminalité, la violence dans les
banlieues etc. (En plus, s'attaquer à une femme avec un bébé, c'est ignoble,
s'ils sont capables de faire ça, jusqu'où iront-ils? A quand un génocide dans
nos banlieues?)
A peu près à la même époque, il y a eu une affaire de père de famille roué de
coups par un groupe de jeunes. Ça a été démenti quelques jours plus tard, mais
très mollement, alors que le "fait divers" en lui même avait été très médiatisé.
J'avais entendu le démenti sur France Inter, mais j'ai constaté des semaines
plus tard que mon beau-père, un accro au JT, croyait encore dur comme fer à
cette histoire. Bref, "Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque
chose".
Enfin, la cerise sur le gâteau, c'était un reportage dans des collèges. Le
journaliste interrogeait des élèves: "vous avez peur?" "Oui, on a peur" "Et de
quoi avez-vous peur?" "Ben... de ce qu'on raconte à la télé, la violence, et
tout ça, quoi, ça fait peur..."

Mais sur ce sujet, le mieux est de se faire sa petite idée soi-même et je te
recommande chaudement la lecture du "Petit cours d'autodéfense intellectuelle"
de Norman Baillargeon, qui présente très clairement les différentes techniques
de manipulation.

La télé est notoirement entre les mains de ceux qui dirigent l'État (en
apparence, des partis politiques, mais en réalité les grands groupes d'intérêts
économiques, qui les financent et tirent les ficelles) et qui s'en servent pour
assoir leur pouvoir et y rester. Je ne parle pas que de la France - il est
facile de trouver pire ailleurs (sans même aller chercher des dictatures!) Le
problème, à ce petit jeu, c'est qu'on finit effectivement par faire peur aux
gens, à nous faire oublier que nous sommes une communauté et à nous dresser les
uns contre les autres. A moins que ça ne fasse partie de la stratégie (diviser
pour régner). Et on sait où cela peut mener (Rwanda, Ex-Yougoslavie...)

Voilà donc mon point de vue, je ne sais pas si j'ai fait avancer la
discussion... Est-ce que ça fait de moi une extrémiste?


PS

1 J'ai fait mon arbre généalogique et j'ai trouvé en ligne tout ce dont j'avais
besoin. Je peux témoigner que ça va *beaucoup* plus vite que de consulter les
archives papier! (déjà rien qu'en comptant le temps de déplacement jusqu'aux
archives départementales...)

C'est sûr que c'est pratique aujourd'hui pour les historiens et les
généalogistes, mais je me demande ce que ça apportait aux populations
concernées, à l'époque. Il me semble que ça relève au départ du même objectif:
recenser et contrôler ses ouailles.
2 Mon papa était un grand parano, particulièrement à la fin de sa vie, où
il se croyait poursuivi par la mafia, les services secrets monégasques, la
Gestapo et l'armée italienne réunis. Pour l'avoir connu je suis et je ne prends pas tout pour argent comptant!
3 Et évidemment rien n'est tout noir ni tout blanc.

 

***

 

Je lis beaucoup de journaux et magazines en ligne, de différents pays.
Et des livres aussi, que j'achète surtout d'occasion, chez les bouquinistes et
en internet.
Et la radio, j'ai le réflexe de l'allumer le matin, mais il m'arrive aussi de
m'énerver.

Eh oui, les feuilles de soin sont traitées par des êtres humains, mais les
données électroniques aussi, il me semble. De plus, avoir entre les mains la
feuille de soins d'une personne que tu connais, ça doit relever du hasard,
tandis qu'une personne trop curieuse peut sans doute accéder aux données
électroniques de qui elle veut...
Je suis interprète de conférence et là où je travaille, tout le monde avait
accès aux affectations (dans quelle réunion, quelle salle etc...) de tout le
monde sur l'Intranet, pour la semaine en cours, l'avenir et aussi le passé.
C'était bien pratique pour savoir où trouver un copain ou une copine, en ce qui
concerne le programme actuel et futur. Par contre, pour le passé, certains s'en
servaient pour calculer combien de journées de travail, d'absences maladies et
de permanences (les jours où on n'est pas affecté, mais où on peut
éventuellement être appelé en renfort) avait eu un-tel ou une-telle, pour
ensuite aller râler auprès du chef: "X a eu plus de journées de travail que moi
(ou de permanences - et en plus il a été malade Z jours l'année dernière).
Finalement l'autorité chargée de la protection des données a mis le holà et on
n'a plus accès qu'à ses données personnelles et au programme de la semaine en
cours et futur pour les autres personnes. Le service des ressources humaines
lui, a encore accès à tout.

 

22. Janvier 2011

 

Que ce soit l'origine, la dyslexie ou ou la toxicomanie, rien de cela n'a pas sa
place dans un fichier auquel ton employeur pourrait avoir accès.
Beaucoup de candidatures ne dépassent pas le stade du CV, parce que le nom, le
sexe, l'âge ou la photo d'identité ne plaisent pas à l'employeur.
Réussir à mettre un pied dans la porte et avoir une chance de montrer qui on
est, c'est quand même mieux. Même si, évidemment, on peut tomber sur un
employeur plein de préjugés qui de toute façon ne voudra rien entendre.
Le casier judiciaire, l'employeur n'y a pas accès directement, il peut juste
demander un extrait. Et pas n'importe quel extrait, ni pour n'importe quel
emploi.

Publié dans Divers

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article